Baccarat
Baccarat, déjà du rêve s’instille en vous?? La marque, qui aura 250 ans en 2014, cherche à bien doser patrimoine et modernité. Une maison mythique dont j’ai beaucoup de plaisir à vous parler.
AUn bref aperçu historique
Hasard, ou coïncidence éclatante de sens ? C’est au milieu du Siècle des Lumières, le XVIIIe siècle, que démarre l’épopée de Baccarat, la plus prestigieuse manufacture de cristal au monde. Une aventure qui débute avec un acte de générosité : pour sauver une population menacée par la misère suite à l’arrêt de l’exploitation d’un domaine forestier, Louis de Montmorency-Laval, évêque de Metz, décide de fonder une verrerie à Baccarat, bien temporel de l’évêché.
Avec ses terres boisées et riches en silice, la Lorraine était traditionnellement une région de verrerie, produisant du « grand verre » (miroirs, glaces, vitres) et du « menu » (bouteilles et gobelets). Louis XV autorisa l’installation d’une usine à feu en face du village de Baccarat, sur la rive droite de la Meurthe, et la verrerie entre en activité en 1764.
Devenue très vite « le plus bel établissement d’Europe », la verrerie voit son destin basculer sous l’impulsion d’Aimé-Gabriel d’Artigues qui la transforme en cristallerie
L’innovation technique, l’audace stylistique, la collaboration inlassable des artisans d’élite (souffleurs, tailleurs et graveurs) et des ingénieurs de la maison portent leurs fruits : Baccarat présente des pièces de couleur dès 1839. Obtenu par l’addition de poudre d’or, le rouge rubis, couleur de la passion, symbole de la vie, est un coup d’éclat Baccarat et un coup de théâtre esthétique qui ensorcèle les amoureux de la maison depuis 150 ans. Autres teintes célèbres de la palette chromatique Baccarat : le « bleu céleste », le rose, le « vert chrysoprase » ou « vert perroquet », le « bleu cobalt », « l’améthyste », « l’ambre ». Ces couleurs seront utilisées avec d’infinies nuances.
Jaime Hayon, designer espagnol, en 2009 a su merveilleusement mixer toutes ces couleurs au travers de sa collection Crystal Sandy Set
A partir de 1840, la concurrence de la cristallerie de Bohême est définitivement éclipsée par la beauté et l’originalité des couleurs Baccarat.
L’illustre service Harcourt est créé en 1841. Avec ses six côtes plates taillées, sa pureté et la féerie des jeux de lumière advenant au cœur même du cristal, Harcourt connait un succès foudroyant, et devient une des icônes de la maison ;
Comme, plus tard, le fameux cristal noir, appelé « onyx », fabriqué chez Baccarat depuis le milieu du XIXe siècle et si difficile à élaborer : cinq composants sont ajoutés au mélange initial du cristal, l’oxyde de cobalt, l’oxyde de cuivre, le dioxyde de manganèse, l’oxyde de chrome et l’oxyde de fer, dont les dosages subtils relèvent du secret le plus absolu. Une alchimie fabuleusement paradoxale : clarté ténébreuse, transparence opaque !
Au XIXe siècle, les Expositions Universelles se sont suivies et ressemblées : en 1867, deux vases doublés rouge rubis au somptueux décor gravé à la roue par Jean-Baptiste Simon et une fontaine de cristal de sept mètres de haut sidèrent les visiteurs. En 1878, un temple de cristal en forme de rotonde, une cave à liqueur « Eléphant » et d’importants candélabres les hypnotisent ! Des médailles d’or couronnent ces prodiges techniques, qui ont ceci de prodigieux que la technique est indécelable, au profit de la féerie et de la poésie.
Eternellement jeune, la cristallerie est encore aujourd’hui synonyme d’un luxe inégalable. Le mot Baccarat étant même entré dans le Petit Robert de la langue française, avec cette définition : « n.m. (1898, de Baccarat, n.de ville) : cristal de la manufacture de Baccarat. Des verres en Baccarat ».Brillant destin..! Immémoriale, la chanson de geste des verriers renvoie aux secrets des alchimistes — le légendaire fourneau Athanor — ; aux mystères de la transmutation, aux mythes liés aux élé-ments, l’air, le feu et ses facultés purificatrices et fécondantes, la terre, l’eau. Quelque chose d’essentiel, qui dit la noblesse, l’humilité et la transcendance du travail humain se joue devant le four incandescent, dans le geste de l’homme qui élabore au bout de sa canne, à la force de son souffle créatif, un objet de cristal, fragile mais éternel, inerte et pourtant empreint de spiritualité. Un objet précieux Baccarat.
BLe Savoir faire Baccarat
Baccarat, c’est aussi un savoir faire ancestral. Ces gestes faits avec amour ont peu changé depuis l’établissement de la cristallerie Baccarat. Le bras, la bouche, la main, l’âme du verrier, du tailleur, du graveur, du doreur, sont tous entièrement engagés dans la métamorphose de la matière archaïque en sortilège lumineux. Le savoir-faire de cette élite d’artisans n’est pas figé mais il évolue harmonieusement en fonction des progrès technologiques pour devenir l’expression la plus accomplie d’un art vivant.
Nourri de cette histoire humaine et technique passée et contemporaine, le savoir-faire de Baccarat constitue un patrimoine esthétique et industriel incomparable. 25 Meilleurs Ouvriers de France chez Baccarat, c’est le nombre le plus élevé de cette élite d’artisans au sein de toutes les maisons de luxe françaises. L’architecte-designer Ettore Sottsass Jr., qui a dessiné en 2002 une collection pour Baccarat, rend un hommage sensible aux artisans du luxe : « J’ai vu de près ceux qui travaillent dans les très hauts pavillons anciens. Outre leur concentration sur leur travail et leur regard extrêmement attentif au moindre détail, j’ai bien examiné leurs yeux, leurs corps et leurs mains accomplir des gestes précis, rituels, comme s’il s’agissait d’un combat religieux pour sauver leur vie, la dignité de leur vie même, tel un moment héroïque dans leur propre existence ».
CBaccarat et la lumière
Baccarat est la première manufacture à s’adapter à la révolution de la « Fée Electricité » : elle électrifie ses modèles de lustres et candélabres dès 1896 en développant un modèle de branches creuses. La cristallerie fabrique des éléments de lustrerie depuis 1824, et produit ses premiers lustres complets au milieu du XIXe, assurant à la marque une renommée fantastique dans le domaine du luminaire. Les luminaires symbolisent à la perfection, et depuis presque deux siècles, la maison Baccarat
Parmi les intemporelles icônes Baccarat, le lustre est en première place, forçant le regard à s’élever, transformant la pièce en espace magique. Divinités dispensant la vie, arbres étincelants de 6, 8, 48 ou 250 lumières, les lustres assurent la gloire de Baccarat. Les créations Solstice, Hélios, Mille Nuits, ou le Zénith Darkside en cristal noir de Philippe Starck témoignent de cette perfection dans le savoir-faire.
En 2003, le choix de Philippe Starck pour imaginer le décor fantasmagorique de la Maison Baccarat au 11 place des Etats-Unis, dans l’ancien hôtel particulier des Noailles, qui sera suivi en 2008 par l’ouverture d’une Maison Baccarat à Moscou, marqua le début d’une collaboration capitale. Le designer a immédiatement capté l’âme de la maison, et la synergie possible entre son regard iconoclaste et pertinent sur Baccarat, la belle endormie. Il permet à la marque d’accompagner son développement vers une nouvelle ambition, et de magnifier son identité en puisant dans son ADN. Une série de succès planétaires signée Starck redonne aussi à la marque valeur de luxe et de séduction : le lustre Zénith noir en 2003, la collection Darkside en 2005, le bougeoir Our Fire en 2006, la suspension humoristique Hic ! en 2009 font de Baccarat un nouveau « trend setter »… Rigoureux, et tour à tour émotionnel, ludique, enfantin, visionnaire, Philippe Starck est en osmose absolue avec Baccarat.
Les lustres Zénith ou Zénith Darkside de Philippe Starck, si rock’n’roll et décalé en cristal noir ainsi que le bougeoir Our Fire, figurent aujourd’hui parmi les icônes de la maison dont l’ambition est d’accélérer le développement de la lustrerie et du luminaire.
Grand classique de la maison Baccarat, le lustre Zénith s’inspire du lustre « Diamant biseaux » datant de la deuxième moitié du XIXème siècle.
Il s’agit d’un modèle d’une grande technicité, démontrant le savoir-faire de la manufacture.
La force de ce lustre réside dans la richesse de son ornementation composée de prismes à dard alternant avec des chaînes d’octogones et de roseaux retenant des clochettes aux pendants scintillants.
C’est précisément ce lustre que j’ai choisi de mettre en scène dans un des intérieurs que j’ai réaménagé
Autre objet iconique, une pampille octogonale de cristal rouge rubis est présente depuis 1997 sur chaque lustre Baccarat, qu’il soit en cristal noir ou translucide. Goutte de feu, de sang, comme dans les contes de fées, accroche regard, subreptice indice, la pampille rouge est la plus raffinée des signatures…
C’est au cours d’une magnifique soirée, dans un authentique Palais Milanais, dans le cadre du salon de Milan, à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister que les nouveautés Baccarat ont été dévoilées dans une une remarquable mise en scène. Un vent de modernité souffle sur la maison Baccarat!
Le lustre Zénith fait à nouveau parler de lui avec une nouvelle écriture exécutée par 3 designers, Starck, Les frères Campana et Louise Campbell ont su relever cet exercice avec brio.
Version Philippe Starck
Considérant que le futur n’existe pas sans passé, Philippe Starck revisite le mythe du lustre Zénith comme un chef d’œuvre issu de l’intelligence et de la main humaine. En intensifiant l’irréel et le rêve, la magie du Zénithal naît du contraste entre la 3D d’un lustre Baccarat et la 2D d’une dalle lumineuse miraculeusement fine. Mise en tension et magnifiée par cette plaque de lumière, la multitude des facettes s’embrase, possédée par le scintillement.
Entre abstraction et fonction, œuvre d’art et objet design, le Zénith le samedi se laisse encercler d’un ruban de Möbius réalisé en néon par les Ateliers de Feerick. Tag distillé dans l’espace, la lumière devient graffiti, mêlant sa grâce baroque à la modernité d’une signature techno-urbaine. Conçu en collaboration avec l’artiste verrier Aristide Najean, le Zénith sur la lagune joue de toutes les hybridations. Orné d’un trio de têtes à l’effigie du roi de la forêt, le lustre en version 24L scelle la rencontre entre le cristal Baccarat et le verre de Murano. L’équation et la poésie, la théorie et la pratique fusionnent, à travers une pièce magistrale et profondément onirique.
Version Frères Campana
Aux confluents de territoires créatifs et de cultures différentes, les designers Fernando & Humberto Campana signent en 2013 la collection Fusion. Une collection née de l’alliance exceptionnelle de 2 matières et de 2 savoir- faire, du mariage fusionnel entre les codes de l’Art de Vivre français et les forces de la nature brésilienne.
De la lanterne au chandelier-flambeau, de la lampe- suspension gainée de bambou tressé bicolore au lustre Zénith 24L revisité et anobli de branches et bobèches en bambou, les créations imaginées pour Baccarat détournent l’ADN et l’usage primaire des matériaux, et les transforme en véritables objets précieux par principe d’hybridation.
Enrobé ou souligné de fibres naturelles et édité en série limitée, chaque luminaire revitalise les principes de collage, révélant ses formes organiques à travers un jeu de confrontation de surfaces lisses et texturées. À la frontière du nomadisme, le cristal s’offre ainsi le nouveau destin d’une lumière exotique et anticonformiste. Juste à l’intersection entre design et art.
Version Louise Campbell
Telle une parabole sur la perfection et l’imperfection, la designer danoise Louise Campbell désacralise le cristal et signe en 2013 le lustre Nervous Zénith.
Sa réinterprétation à l’instinct du célèbre Zénith magnifie les caractéristiques de ses 48 lumières. Selon un assemblage directement inspiré de dessins d’exécution originaux, cette nouvelle version joue sur l’intégration d’intrus et de prismes distordus, sans pour autant troubler son esthétique connue.
À vivre comme une expérience unique, le Nervous Zénith interroge les possibilités infinies du cristal et le spectre complet de la lumière, par la présence d’une chandelle allumée prenant relais en cas de panne d’électricité. Légèrement inclinée comme si elle se laissait attirer vers un point qu’elle ne pouvait atteindre, cette pièce exceptionnelle regorge de détails cachés et d’erreurs délibérées.
Des détails et imperfections totalement assumés, afin de souligner son caractère simplement humain, timide mais excentrique, expressionniste et résolument fantastique.
DLes projets Baccarat
La boutique new génération qui doit ouvrir à New York en juin en sera la figure de proue de l’évolution de la maison Baccarat. « Ce « flagship store » adoptera un état d’esprit différent, loin de tout élitisme. Il ressemblera plus à un appartement qu’à un magasin classique. Il s’agit d’aider les gens à s’y sentir à l’aise, comme chez eux, et à se dire qu’ils verraient bien cet objet ou ce luminaire à leur domicile »,souligne Markus Lampe, directeur général de Baccarat. A Londres, la marque agrandit l’espace qui lui est réservé chez Harrods, car la capitale britannique est aussi une vitrine pour les acheteurs indiens ou du Moyen-Orient.
Baccarat souhaite, remettre l’accent sur les accessoires. « Les bijoux représentent un vrai potentiel. Ils doivent retrouver l’éclat et la place qu’ils avaient il y a cinq ans. Les nouvelles collections expriment davantage l’ADN de Baccarat. Et nous allons développer les boutiques qui leur sont consacrées », précise Markus Lampe, qui a largement exploré ce secteur lorsqu’il était chez Swarovski. Il veut profiter du Salon mondial de l’horlogerie et la bijouterie qui se tiendra à Bâle à la fin du mois pour replacer la griffe sous le feu des projecteurs dans cet univers. Une boutique réservée à ces produits ouvrira à la rentrée dans le centre Beaugrenelle à Paris. Tandis que le point de vente déjà existant rue de la Paix devrait connaître un lifting l’an prochain.
Super la vidéo, il y a vraiment du savoir faire. Cela m’impressionne toujours quand je vois le travail ces artisans qui jouent plus au moins avec le feu. En tout cas ils sont courageux !